https://www.sismique.fr/post/114-le-mythe-de-la-meritocratie-samah-karaki

Si vous voulez un livre de self-help résumé, voilà, pour se développer, pour atteindre la meilleure version de soi, naissez dans une famille aisée. Voilà, il faut bien naître. Donc je trouve voilà, je trouve cela déjà très révélateur.

Quand on observe des personnes, des mythologies même, de personnes, de dieux qui se révoltent contre leurs conditions, ça nous fait rêver parce que ça nous dit quelque chose sur notre condition humaine, que nous sommes quelque part libres et qu’on est donc capable de se connaître par nous-mêmes, capable de se façonner par nous-mêmes, ça nous fait… en fait c’est optimiste.

Bon j’ai peut-etre pas choisis les meilleurs extraits mais cette chercheuse lève le voile sur plein de concept, mythe que je trouve fascinant. Zavez le texte ou la transcription. :)

Samah Karaki est docteure en neuro-sciences et dans son dernier ouvrage, elle déconstruit les notions de talent, de réussite et de mérite qui sont centrales dans la construction de nos sociétés et souvent dans notre manière d’éduquer des enfants ou encore de construire des organisations.

  • le pouffre bleu@lemmy.world
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    1 year ago

    Petit rappel en passant le terme de “méritocratie” n’a pas été inventé avec une connotation positive mais négative par un sociologue anglais qui entendait dénoncer les dérives possibles de ce qu’il observait déjà dans l’organisation de la société. anglais des années 1950.

    Curieusement en France le terme a bien plus à une certaine élite intellectuelle/bureaucratique/bourgeoise qui l’a volontiers repris mais pas dans son sens originale sans que le roman dans lequel est né la méritocratie soit jamais traduit en français…

    La bourgeoisie intellectuelle, une élite héréditaire

    À l’été 1957, le sociologue anglais Michael Young arpente une plage du Pays de Galles. Longtemps chercheur au sein du Parti travailliste britannique, dont il a rédigé le manifeste de 1945, il a depuis pris la tangente. Sur le sable, il rumine : onze éditeurs ont refusé son dernier manuscrit. Soudain, il aperçoit au bord de l’eau un couple d’amis, s’arrête, évoque avec eux ce texte dont personne ne veut. Coïncidence, ses acolytes éditent des livres d’art ; et décident d’inclure l’ouvrage à leur catalogue. Son titre : L’Ascension de la méritocratie (1). Avec ce terme bricolé à base de latin et de grec, Young anticipe les sarcasmes. Cinq cent mille exemplaires écoulés en quelques années font entrer « méritocratie » dans le langage courant. Au prix d’un gigantesque malentendu.

    Car l’ouvrage de Young, rédigé dans le sillage de 1984, de George Orwell, et du Meilleur des mondes, d’Aldous Huxley, dépeint une dystopie : le cauchemar d’un monde moderne dirigé « non pas tant par le peuple que par les gens les plus intelligents ». Le gouvernement des intellectuels, en somme. L’action se situe au début de l’année 2034, et le narrateur, un sociologue boursouflé, résume avec enthousiasme la transformation de la société britannique du XXe siècle en une tyrannie exercée par les diplômés de l’enseignement supérieur. Au prétexte d’une « égalité des chances », les hiérarchies s’échelonnent désormais en fonction de l’intelligence ; l’ordre social se perpétue par l’école, qui transmute les privilèges de classe en « dons » et « mérites ». « Les talentueux, jubile le narrateur, ont eu l’occasion de s’élever au niveau qui correspond à leurs capacités, et les classes inférieures ont donc été réservées aux moins capables. » Ainsi légitimé, le régime honore ses héros. « Les rangs des scientifiques et des technologistes, des artistes et des enseignants ont gonflé. Leur éducation a été ajustée à leur haute destinée génétique. Leur pouvoir de faire le bien a été accru. Le progrès est leur triomphe ; le monde moderne, leur monument. »(…)>>

    • DniMam@lemmy.worldOP
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      1 year ago

      Je crois que je vais finir par lire son ouvrage. L’oeuvre d’Orwell m’a marqué. C’est puissant, révélateur. Bon après c’est aussi le meilleur moyen d’être déprimé. :)

      Après méritocratie a toujours eu une connotation négative pour moi. Puisqu’elle sous-entend une démarche individuelle et non la somme des facteurs, des variables. Si je suis ici, ce n’est pas seulement due à des mécanismes de récompenses, des modèles…c’est les autres. J’existe à travers eux.